Comment changer sans effort

Lorsque vous venez en thérapie, c'est souvent pour essayer de changer. Mais que cherche-t-on à changer réellement? Peut-on vraiment changer? Quoi mettre en place pour opérer ces changements?

Le premier stade est de savoir reconnaître les conflits internes qui se jouent en soi.

Lorsque l'être humain se construit, il va développer une personnalité en fonction de son caractère profond qui se confronte lors de son développement aux interactions extérieures: l'éducation, les rencontres sociales, les injonctions, les traumas, les épreuves, la nouveauté, les schémas familiaux, les blessures transgénérationnelles...

Cette personnalité sera influencée par tout cet environnement et va soit correspondre au caractère profond de l'individu soit aller à son encontre.

Le premier sera en accord avec la majeur partie de ses choix de vie, aura suffisamment d'estime pour lui même pour ne pas avoir besoin de validation extérieure extrême et saura faire preuve de résilience. Il saura réguler ses émotions même lorsque celles ci le submerge et comprendra de quelles blessures viennent ses réactions excessives.

Le second, et ici nous retrouvons la majeur partie de la population, aura tendance à laisser la peur régir ses choix et les émotions influencer ses relations. Son estime sera trop faible pour ne pas dépendre du regard des autres. L'autre aura d'ailleurs une forte place dans la vie de celui qui est en conflit avec lui-même. En effet, celui-ci va chercher inconsciemment à réparer ce qui lui a manqué avec ceux et celles qui croiseront son chemin (amour, amis, collègue...). La frustration fera partie intégrante de sa vie et pourra se transformer en colère envers autrui. Il sera en permanence en proie au doute face à ses décisions et sera rarement heureux où il est et dans ce qu'il fait. Il se déterminera par ses actions plus que par ce qu'il est et cherchera à satisfaire les personnes qui l'entourent avant de penser à ses propres besoins.

C'est à ce second individu que nous allons essayer d'apporter des réponses et un apaisement mental par un changement de pensée plus que par un changement de personnalité.

Qui vous êtes vous appartient, et vous seul savez ce qui est bon pour vous.

Les injonctions sociales nous obligent à entrer dans des cases afin de correspondre aux attentes des autres. Il est fréquent d'oublier ses propres attentes tant nous avons besoin d'une validation extérieure pour se sentir légitime à exister, à être. Alors nous "faisons" pour obtenir une reconnaissance qui ne sera finalement jamais suffisante. Nous instaurons le "Il Faut" pour que nos actions soient en accord avec le regard des autres.

Le vrai biais se trouve dans le fait que toute cette réflexion est tellement inconsciente que l'individu se persuade qu'il doit mettre certaines choses en place pour aller mieux, pour lui même. Seulement, le terme "il faut" s'associe inconsciemment à une obligation. Le cerveau va donc fabriquer du cortisol, l'hormone du stress, lorsque l'action se mettra en place, et va l'associer à de la pénibilité.

Avant de vouloir mettre en place le moindre changement, posez vous toujours la question sincère et honnête: "est-ce que ce que je cherche à modifier est vraiment dans mon intérêt? Vais-je me sentir plus en accord avec moi-même?". Si à cette question vous pouvez sincèrement répondre "oui" sans aucune justification, en sachant exactement ce que vous voulez modifier et ce que vous voulez conserver malgré ce que vous percevez du regard extérieur, alors il est temps de mettre en place des choses qui vous correspondent et à votre propre rythme pour entamer cette évolution, cette reconnexion à vous-même.

Oubliez le terme "il faut" générateur de stress, bannissez le de votre vocabulaire lorsqu'il ne s'associe pas à une réelle obligation (travailler, sortir les poubelles, payer ses factures...) et remplacez le par "j'aimerais", "je voudrais", "ça me ferait du bien de".

Essayez de vous mettre à la course à pied en vous disant "il faut que j'aille courir". Vous verrez que rapidement vous perdrez la motivation ainsi que tout le bénéfice de cette routine bien-être. Vous ne pourrez pas respecter la discipline que cela demande, toutes les excuses seront bonnes pour ne pas y aller et vous arrêterez avant d'avoir vraiment commencé. Vous entrerez alors dans un cercle vicieux où vous risquez de vous auto-flageller, vous allez culpabiliser et vous réfugier dans les travers qui vous ont poussé au départ à vouloir vous mettre à la course pied. Ceci génèrera encore plus de frustration et de culpabilité et la déprime pourra venir taper à la porte.

Essayez maintenant de vous mettre à la course à pied à votre rythme, selon votre envie, de façon aussi progressive que possible et en vous disant "j'aimerais bien me remuscler", "j'aimerais bien manger moins", "j'aimerais bien perdre un peu de gras" (le muscle pesant plus lourd que le gras, il est important de ne pas regarder la balance mais plutôt la silhouette). Fixez vos propres objectifs. Vous verrez que naturellement vous irez courir sans pression et votre cerveau fabriquera des endorphines, l'hormone du bonheur. En associant cet effort physique à un état de bien-être, vous entrerez dans un cercle vertueux où vous aurez envie de sortir faire votre séance, vous observerez rapidement des changements physiques satisfaisants et, si vous parvenez à vous tenir à cette discipline, il se peut même que vous développiez un besoin d'aller courir. Cerise sur le gâteau, au delà du changement physique, cela vous apportera énergie, diminution de l'appétit et bien-être mental.

Nous avons pris l'exemple de la course à pied, mais cela vaut pour tout changement que vous souhaitez instaurer dans votre vie. Et cela passe par le fait de penser à soi. Si vous vous dites "il faut que je fasse les choses pour moi", cela va générer de l'anxiété face au devoir de penser à vous, chose qui n'est pas naturelle chez vous, et vous allez développer une culpabilité encore plus importante que lorsque vous décidez sur un coup de tête de faire quelque chose pour vous.

Le fait de vous dire que vous aimeriez plutôt que vous devriez, va vous permettre de développer une indulgence envers vous-même plutôt qu'une exigence, ce qui est beaucoup plus agréable à gérer. La gymnastique une fois instaurée vous permettra d'évoluer vers un fonctionnement plus en accord avec vous même sans avoir l'impression de faire d'effort.

Pensez toujours à mettre en place des choses à votre portée, que vous pouvez faire évoluer au fur et à mesure. Le meilleur moyen de se décourager est de vouloir courir 10km en 1h lorsqu'on n'est pas en capacité de marcher rapidement plus de 30min... Rappelez vous que l'enfant rampe avant de courir...

La psychothérapie peut vous aider à comprendre et reconnaître vos conflits internes en décortiquant votre construction. En prenant conscience de ce qui ne vous correspond pas, vous pouvez commencer à réfléchir à quoi mettre en place pour vous reconnecter.

Si la culpabilité fait partie intégrante de votre vie, posez vous toujours la question "pour qui je fais ça?". Si la réponse n'est pas "moi" sans aucune justification, il est peut être temps de se pencher sur ce qui vous ferait du bien.

N'attendez pas d'aller mal pour aller mieux - Sweety Therapy